Train World : l’univers fascinant du chemin de fer
Après dix années de préparatifs, le musée du chemin de fer Train World a officiellement ouvert ses portes à Schaerbeek (Bruxelles)en septembre 2015. Au cours des six premiers mois, quelque 100 000 personnes ont visité le musée, qui plaît aux enfants comme aux adultes et s’adresse tant aux cheminots qu’aux personnes étrangères à l’univers des trains. Le roi Philippe n’a semble-t-il pas pu dissimuler son enthousiasme lors de l’inauguration officielle. #discover
La petite Milena est également ravie : « ’ega’de, un avion », s’exclame l’adorable petite fille de quatre ans en découvrant au mur le visage racé de l’Italo rouge vif. « Notre scénographe a conféré au train à grande vitesse italien un angle qui donne l’impression qu’il fonce comme un oiseau sur les spectateurs ». Piet Jonkers, le directeur du musée, est fier que cette enfant réagisse exactement comme le souhaitait François Schuiten, le concepteur du musée. Outre l’Italo, un Desiro et un Eurostar filent dans la pièce éclairée, qui dispose d’une grande baie vitrée à travers laquelle elle est visible jusqu’à minuit depuis les trains qui passent sur la ligne Bruxelles – Anvers.
La visite du musée commence dans les bâtiments historiques de la gare de Schaerbeek, qui sont restés inchangés, en apparence, depuis 1887. Le hall spacieux présente également la même allure qu’autrefois : l’ameublement en bois, avec derrière les guichets des billets de train, des poinçons et des composteurs, des horloges de gare, des tenues de service et des uniformes de gala provenant de différentes époques. Des films diffusés sur de grands écrans montrent la longue histoire du chemin de fer et témoignent de l’évolution du réseau ferroviaire belge et des liaisons internationales sur tout le continent.
Des mastodontes de deux siècles
En suivant le quai, le visiteur accède aux quatre halls d’exposition dans lesquels il peut admirer des poids lourds datant de presque deux siècles – parmi lesquels la locomotive « Pays de Waes », qui atteignait pas moins de 60 km/h dès 1844, l’année de sa construction, mais aussi une locomotive de type 18 datant de 1902, qui allait déjà deux fois plus vite, et la « Reine du Luxembourg », qui tirait derrière elle, en 1928, le train de luxe « Edelweiss » reliant Bruxelles au Luxembourg. La reine incontestée de cette exposition de mastodontes est la locomotive de type 12 « Atlantic », construite par Cockerill ; avec ses lignes aérodynamiques, elle reliait Bruxelles à Ostende en 57 minutes en 1939, ce qui constituait un véritable record de vitesse.
L’exposition met en outre en lumière le rôle privilégié joué par la Belgique – deuxième puissance industrielle d’Europe au 19e siècle, derrière la Grande-Bretagne – dans le développement des chemins de fer. Les fabricants du jeune royaume étaient De Ridder, Saint-Léonard, Nivelles, Dyle, Tubize, Cockerill, et bien d’autres encore ! En 1846, la première liaison ferroviaire entre deux capitales mettait Bruxelles à huit heures de Paris ; 30 ans plus tard, le Belge Georges Nagelmackers fondait la « Compagnie internationale des wagons-lits » et dans les années 1950, la Belgique était pleinement impliquée dans l’odyssée des trainsautos et du « Trans-Europ-Express » (TEE). Dans les années 90, la première ligne de TGV internationale relie la France à… Bruxelles.
30 m de voie ferrée sous verre
Impressionnante, une portion de voie ferrée de 30 m de long est placée sous un plancher en verre et permet ainsi au visiteur qui l’emprunte de mieux comprendre le développement de la technologie ferroviaire et des traverses. D’anciens signaux, des barrières du passé, l’intérieur d’un wagon postal, l’aménagement complet des trains de luxe, des trains hôpitaux et le train spécial du roi des Belges sont présentés. Exposé avec une grande sobriété, le wagon de marchandises dans lequel des milliers de juifs et de tziganes de Belgique ont été déportés dans les camps d’extermination des nazis, entre 1942 et 1944, est particulièrement poignant.
Même le « Pont de Luxembourg » en acier qui enjambait la Meuse à Namur jusqu’en 2011 est parvenu jusqu’à Schaerbeek. Il a été installé à côté de l’ancienne gare, ou plutôt, le hall d’exposition du musée a été construit autour de ce pont.
Cet ouvrage rappelle également la guerre : il a en effet survécu à toutes les tentatives d’explosion effectuées par l’armée belge, les Allemands et les Alliés au cours de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale. Un ancien logement de fonction situé à côté de la gare de Schaerbeek a été préservé sur le site d’origine où il se trouvait depuis des décennies. L’intérieur de la maison a été aménagé avec amour par François Schuiten, qui y a installé des ustensiles des années 50, mais aussi le vélo se trouvant devant la porte.
L’aspect social des chemins de fer n’a pas été oublié non plus : après l’introduction des congés payés en 1936, le train a permis aux travailleurs d’effectuer leurs premiers modestes voyages de vacances. L’essor du tourisme pouvait commencer, comme l’illustrent des affiches publicitaires.
L’art de la mise en scène
Le musée des chemins de fer Train World de Schaerbeek doit une grande partie de son attrait au scénographe François Schuiten, qui a réalisé un aménagement propre à séduire les visiteurs. Ce Belge de 60 ans habite dans cette commune bruxelloise et s’est fait un nom en tant que dessinateur de bandes dessinées et designer. Il est à l’origine de la décoration des stations de métro « Porte de Hal » à Bruxelles et « Arts et Métiers » à Paris. Il a également réalisé le stand du Luxembourg pour l’exposition universelle de Séville, en 1992.
Avec Train World, Schuiten a rassemblé dans sa commune d’anciens matériels ferroviaires et de véritables pièces de collection, créant ainsi un ensemble harmonieux, et a mélangé l’ancien et le nouveau de façon à permettre un voyage dans le temps : après s’être régalé en découvrant des témoignages du passé, les visiteurs peuvent s’essayer à la conduite d’une locomotive dans un simulateur et entreprendre un voyage dans l’avenir fascinant de la mobilité.
Un véritable must pour les enfants et les adultes, les cheminots et les personnes étrangères à l’univers des trains !
Plus d’infos sur www.trainworld.be