Brucherweier – mesure compensatoire en vue du chantier CFL

Développement durable
// 18 juin 2019

Afin de limiter l’impact de grands projets d’infrastructure et de chantiers ferroviaires sur l’environnement, voire de promouvoir la biodiversité, les CFL s’engagent continuellement à mettre en place des mesures compensatoires.

Une de ces mesures a été réalisée dans le cadre du chantier de la nouvelle ligne Luxembourg – Bettembourg. C’est la mare «Brucherweier», située sur le tracé de la nouvelle ligne ferroviaire, aux abords de l’autoroute A3, entre les localités de Roeser et Kockelscheuer, qui est vouée à disparaitre en vue du chantier. Comme pour tout projet d’envergure réalisé par les CFL, une étude d’incidence sur l’environnement naturel a été réalisée pour cette mare de forêt à la terre argileuse et imperméable.

Des relevés effectués sur les lieux aux mois de mars et mai 2012 ont révélé la présence de plusieurs espèces d’amphibiens: le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), le triton palmé (Lissotriton helveticus), ainsi que le triton ponctué (Lissotriton vulgaris) ou encore la grenouille rousse (Rana temporaria). En effet, l’assèchement régulier de la mare «Brucherweier» évite sa colonisation par des poissons et offre, ainsi, des conditions de frai idéales pour plusieurs espèces d’amphibiens. En vue de sauver diverses espèces d’amphibiens protégées au niveau national, leurs populations collectées au «Brucherweier», au fur et à mesure des relevés, sont déplacées à deux pas de là, vers un nouvel habitat au sein de la forêt «Fennerholtz».

C’est au printemps 2014 qu’un premier transfert a été réalisé. Pendant 13 jours de captures, divers amphibiens, ainsi que le frai de grenouilles, ont été collectés à l’aide de pièges et d’épuisettes, pour être déplacés du «Brucherweier» vers un étang naturel situé dans la forêt «Fennerholtz». «Adulte, l’amphibien migre de son habitat momentané et revient sur le lieu de ponte. Il était primordial de prélever au plus vite le frai de grenouilles au «Brucherweier» pour les déplacer vers un nouvel habitat, avant le développement avancé des têtards», explique Marc Owaller, ingénieur agronome, chargé d’étude au «Brucherweier».

En vue d’un second transfert, un plan d’eau supplémentaire, attenant à l’étang naturel existant, a été créé au «Fennerholtz», en février 2016. Les opérations de prélèvements de la faune du «Brucherweier» et de son transfert vers ce nouveau plan d’eau complémentaire du «Fennerholtz» ne sont pas terminées.

En mars dernier, nous avons accompagné deux chargés d’étude lors de relevés effectués au «Brucherweier». Chacun des 18 pièges répartis dans le plan d’eau a été scruté. Les experts ont procédé ainsi à un inventaire du moindre insecte ou amphibien collecté dans les filets et les sceaux posés dans la mare. Entre tritons et têtards, plusieurs larves de libellules et coléoptères se faufilaient.

Les opérations de transfert en cours ont déjà permis la réintroduction, dans le nouveau plan d’eau au «Fennerholtz», de:

  • 844 tritons (dont 635 tritons alpestres, 16 tritons ponctués, 193 tritons palmés)
  • 20 grenouilles rousses (mâles), 2 grenouilles rousses (femelles), 347 têtards de grenouilles rousses
  • 300 – 400 litres de frai de grenouilles rousses, 37 dytiques bordés (scarabées d’eau)
  • 528 autres insectes & larves et 31 sangsues

A savoir que la flore du «Brucherweier» a également été réintroduite en partie, au «Fennerholtz». Ainsi, par exemple, des semences de la plante «Oenanthe phellandre» (ou oenanthe aquatique), qui est reprise sur la liste rouge des plantes vasculaires du Luxembourg (plante protégée au Luxembourg) ont été collectées dans la mare «Brucherweier». Une partie de ces semences sera conservée dans la banque de semences du Musée national d’histoire naturelle, alors que le reste a été transféré au «Fennerholz».