Prolonger la durée de vie des rails, améliorer le confort pendant le trajet
En action avec le train de meulage de rails SPENO
C’est un adage vieux comme le monde : un bon soin et un entretien régulier prolongent la durée de vie. Cela vaut également pour les rails : un entretien soigneux peut doubler leur durée de vie.
L’opération de meulage des rails est à l’image des entretiens soigneux menés par les CFL pour préserver la substance du réseau ferré et donc garantir sécurité et service à leurs clients. « Sans meulage, la durée d’utilisation des rails est de 15 à 20 ans », explique Kim Rohmann, chef de Cellule Voie. « Si les rails sont régulièrement meulés, ils tiennent entre 25 et 30 ans ».
80 kilomètres de rail meulés par année
Ces travaux sont effectués à l’aide d’un train spécial, « le SPENO » , que les CFL louent auprès d’un fournisseur suisse. Des inspections préalables sur les 630 kilomètres de voies du réseau ferré luxembourgeois permettent d’identifier où le SPENO doit intervenir. Les rails sont contrôlés tous les six mois par un train à ultrasons pour détecter d’éventuelles irrégularités ; à cela s’ajoutent des contrôles visuels que les différentes brigades – en charge de l’entretien et de la maintenance des voies sur une partie du réseau – effectuent tous les deux mois.
« Sur cette base, nous décidons ensuite sur quels tronçons nous allons recourir aux services du SPENO », explique Kim Rohmann. « Chaque année, environ 80 kilomètres de rails font ainsi l’objet de cet entretien ».
Les voyageurs en profitent
Outre l’allongement de la durée de vie des rails, le meulage améliore le confort de conduite et permet de réduire le bruit – ce dont les voyageurs profitent au quotidien. Michael Monteiro Da Silva, chef adjoint de la Cellule Voie, souligne en outre le facteur financier : alors que l’entretien avec le train de meulage coûte environ 600.000 euros par an, la pose d’un kilomètre de rail coûte 300.000 euros.
Selon l’état des rails, on distingue le meulage curatif (jusqu’à trois millimètres) et le meulage préventif (plus de trois millimètres). Parmi les causes de l’usure des rails, Kim Rohmann cite, outre la friction rail-roue, le nombre sans cesse croissant de trains et leur charge, la vitesse et le profil de la ligne. « Les trains de marchandises entraînent, au vu de leur charge considérable, une usure plus importante.»
Les zones particulièrement sollicitées sont les tracés sinueux avec un rayon étroit, comme entre Kautenbach et Wiltz sur la ligne du Nord.
Si des irrégularités plus conséquentes doivent être traitées, un train de fraisage est utilisé à la place du SPENO. Les quelque 1.000 aiguillages sont quant à eux mesurés chaque année et, si nécessaire, rectifiés manuellement.
Intervention à Esch/Alzette
Mi-mai, peu après minuit. Au nord de la gare d’Esch/Alzette, le SPENO attend son tour – impatient, comme laisse supposer le hennissement de ses agrégats. Les travaux de meulage ne peuvent être effectués que la nuit, lorsque le trafic ferroviaire régulier est suspendu. Comme tous les travaux qui ont lieu la nuit, c’est une course contre la montre, car il s’agit de libérer la voie à temps pour le trafic ferroviaire. « Nous pouvons rectifier entre 500 et 600 mètres de rail par heure », explique Michael Monteiro Da Silva. « Dans l’idéal, nous disposons de quatre à cinq heures ».
Au cours des semaines précédentes, notre collègue s’était chargé d’obtenir les autorisations nécessaires et de faire distribuer des avis aux riverains pour les informer des travaux de nuit et des nuisances sonores liées à ce type d’opération indispensable. Peu avant le début des travaux de meulage, l’équipe de nuit en service se charge de retirer les câbles, signaux et autres éléments de l’infrastructure ferroviaire, par exemple les compteurs d’essieux, pour éviter tout dommage inutile lors de l’opération.
Vers 01h30, un dernier train de marchandises emprunte la ligne ferroviaire. Le SPENO démarre aussitôt. Les meules montées par paires sous le train sont posées sur les rails et, tel un dragon crachant du feu, la machine glisse sur son parcours. Des bâches de protection fixées sur les flancs du train empêchent une trop grande projection d’étincelles. Des sprays et des lances à eau aux placées aux extrémités du train préviennent les risques d’incendie, en particulier lorsque les rails reposent encore sur des traverses en bois et que la végétation est abondante sur la ligne.
Le processus de meulage se répète plusieurs fois. La fréquence nécessaire est déterminée par des capteurs qui enregistrent l’état des rails et les transmettent au poste de conduite. Après environ une demi-heure, le travail de cette nuit est terminé. Le SPENO est à nouveau attelé à une machine de travail CFL du type Robel et tracté vers Bettembourg. La circulation du SPENO n’est en effet autorisée que par un engin équipé du système de sécurité ETCS en configuration luxembourgeoise. La voie ferrée quant à elle est à nouveau préparée pour la circulation des trains.
Le SPENO aussi a besoin d’entretien
Après l’entretien des rails, le train de meulage doit à son tour être entretenu. Avant d’être remis en service, le train jaune de 266 tonnes et 77 mètres de long est soumis à un nettoyage au Centre Logistique de l’Infrastructure Ferroviaire (CLIF) à Bettembourg. Les capots et les carénages sont démontés, les agrégats sont nettoyés au jet d’air comprimé. L’importance de cette opération est attestée par le matériel enlevé qui apparaît au grand jour et doit être éliminé.
Les 32 meules sont à leur tour inspectées et, en fonction de leur usure, remplacés. Une opération que l’équipe SPENO effectue rapidement avec des gestes habiles. Rien ne s’oppose ensuite à un nouveau travail de meulage.