Construire prend une nouvelle dimension avec le BIM

Innovation
// 4 novembre 2022

Les CFL viennent d’obtenir la certification ISO 19650 pour leur expertise dans le « Building Information Modeling », mieux connu sous l’acronyme de BIM. Mais que recouvrent ces trois lettres ? Pourquoi parler de « révolution digitale » et de « nouveau paradigme » dans le secteur de la construction ? Quelle sera la valeur ajoutée du BIM pour les CFL et leurs clients ? Tour d’horizon du sujet en 6 points.

1. Comment définir le BIM ?

Le BIM, pour Building Information Modeling, est le lointain descendant des premiers logiciels de CAO (conception assistée par ordinateur) et de FAO (fabrication assistée par ordinateur) conçus au tournant des années 1960.

Bien que le choix d’un logiciel performant demeure déterminant pour modéliser un projet de construction ou de renouvellement, la pierre angulaire du BIM est la gestion de l’information.

Le BIM dépasse en effet le volet purement technologique de la conception assistée par ordinateur pour être complétée par le partage d’information en temps réel entre parties prenantes, qu’elles soient internes ou externes. Il s’agit donc d’un processus qui va permettre de créer et de gérer des informations qualitatives et standardisées autour d’un projet de construction.

« A l’instar du passage du dessin sur calque au dessin par ordinateur, le BIM fait entrer la modélisation de projets de construction dans une nouvelle dimension en y ajoutant la couche de partage d’information », déclare Gilles Pignon, Chef de la Division Building Information Modeling au sein du Service Projets Infrastructure, responsable de la stratégie BIM des CFL.

Les CFL ont fait de cette méthodologie de travail un de leurs standards de qualité et se sont vu décerner fin octobre 2022 la certification ISO 19650 qui fait référence en matière de BIM. Une première certification du genre réalisée depuis Luxembourg, de surcroît par un maître d’ouvrage de premier plan.

L’équipe des CFL en charge du BIM vendredi 4 novembre, aux côtés de Marc Wengler (Directeur Général des CFL), de Henri Werdel (Directeur Gestion Infrastructure des CFL) ainsi que des représentants de Socotec, l’entreprise chargée de la réalisation de l’audit et de valider la certification.

2. A quoi ressemble le BIM ?

Alors que la planification de nouvelles constructions était bidimensionnelle et sous forme de plans distincts suivant les corps de métiers impliqués, le BIM aboutit au développement et à l’alimentation de jumeaux numériques partagés.

Pour y parvenir, les parties prenantes internes (les différents services concernés) et externes (architectes, ingénieurs, corps de métiers, prestataires…) se rejoignent autour d’une méthodologie standardisée, reprise par les CFL, et jettent ainsi les bases d’un écosystème vivant tout au long du projet concerné.

La face visible est une sorte de maquette en 3 dimensions intégrée qui permet de visualiser les détails du projet concerné, au millimètre près. Pour les CFL, qui ont opté pour cette approche dès 2017, le premier bâtiment entièrement conçu et construit en BIM a été mis en service en 2021, à Wasserbillig.

Après avoir réalisé des relevés Laser, plusieurs bâtiments et infrastructures existants des CFL sont en cours de modélisation ou sont d’ores et déjà modélisés comme le Viaduc de Pulvermühle, les Bâtiments Voyageurs de la Gare de Luxembourg, de Mersch et Rodange.

Ces simulations peuvent aussi être visionnées en réalité virtuelle et servir de grille de lecture commune pour la compréhension des projets dans leur ensemble.

3. Quels sont les avantages du BIM ?

Les avantages de cette digitalisation du secteur de la construction au sens large sont nombreux :

  • Faciliter et assurer l’échange d’information en temps réel sur base d’infos fiables ;
  • Anticiper des problèmes de construction éventuels via la visualisation en 3D et les traiter en amont ;
  • Visualiser les implications en temps réel des changements opérés en cours de projet ;
  • Économiser des ressources financières, énergétiques et humaines en se projetant dans le projet en conditions réelles ;
  • Faire de la maintenance prédictive un standard en simulant l’évolution du bâtiment ;
  • Envisager l’ensemble du cycle de vie de ce dernier dès sa planification et sa conception, y compris les notions d’entretien et de maintenance, de rénovation ou encore de recyclage et de démolition.

« En investissant un peu plus de temps lors de la phase de conception, nous pouvons en gagner considérablement par la suite pendant la construction et la durée de vie d’une infrastructure et, par ricochet, économiser des ressources », ajoute Gilles Pignon.

Tom Gaspard et Gilles Pignon (CFL)

4. Comment les CFL peuvent tirer profit du BIM ?

Pour les CFL qui réalisent des travaux d’ampleur sans rompre, dans la mesure du possible, la continuité de leur service, disposer d’un outil prédictif est un atout considérable. Le choix stratégique de figurer parmi les pionniers du BIM reflète ainsi la volonté des CFL d’agir en tant qu’entreprise socialement responsable en limitant ses impacts sur l’environnement et auprès de ses clients au strict nécessaire.

« Le BIM nous permet de gagner en efficience grâce à la possibilité de construire un jumeau numérique avant le début de travaux et donc d’identifier d’éventuels défauts, tout en affinant nos besoins en matériaux de construction », ajoute Tom Gaspard, BIM Manager au sein de la Division Building Information Modeling du Service Projets Infrastructure des CFL.

5. Qu’en est-il pour les clients des CFL ?

Le BIM trouve sa finalité dans l’optimisation de la conception des bâtiments et des infrastructures, en tenant compte des utilisateurs finaux, dont les clients.

Ces derniers pourront, indirectement, percevoir les avantages de la modélisation en direct permise par le BIM parmi lesquels :

  • L’utilisation des simulations en 3D pour affiner la prise en compte de clients aux besoins spécifiques ;
  • Des constructions plus rapides car épargnées de problèmes repérés lors de la phase de modalisation ;
  • Des constructions plus respectueuses de l’environnement en prenant la juste mesure des ressources essentielles à la conduite du projet.

6. Quelle est la suite ?

« La conception et la maintenance de bâtiments et d’ouvrages avec le BIM vont devenir, tôt ou tard, la norme à l’échelle européenne », résume Gilles Pignon.

L’avenir du BIM est donc tout tracé aux CFL. Le processus est même voué à s’étendre progressivement avec comme objectif la réalisation d’un jumeau numérique intégral du réseau ferré et de ses bâtiments d’ici 2035.

En attendant, les CFL souhaitent partager leur expérience en témoignant auprès d’autres maîtres d’ouvrages – publics ou privés – ainsi qu’en convaincant les corps de métiers de pénétrer dans l’univers passionnant et prometteur du BIM.

Categories
Innovation